LA CONFIANCE EN SOI (3ème partie)
J'ai tenu à présenter la confiance en soi, en détail, et j'ai préféré mettre un extrait d'un article tiré du magazine la lettre du psy.
Le Psychologue Jean Gameau est l'auteur d'une centaine d'écrits et de quelques documents vidéos, de formations professionnelles. Ses ouvrages auxquels il accordait le plus d'importance sont les programmes d'auto-développement "Savoir Ressentir" (1994, 2002) et "Maîtriser l'expression efficace" (2005). Il s'agit de publications qui se distinguent par leur ampleur, leur qualité et leur originalité, aboutissement de plus de 20 ans de travail et de recherche.
Par Jean Garneau, psychologue
Qu'est-ce que la confiance en soi? Sur quoi repose-t-elle? Peut- on la développer à l'âge adulte ou est-ce que ça ne s'acquiert que dans l'enfance? Cette fameuse confiance en soi, celle qui fait que certaines personnes réussissent tout ce qu'elles entreprennent ! Est-elle une qualité innée, l'aboutissement d'une enfance heureuse ou un résultat que nous pouvons obtenir par nos propres efforts ?
Jean Garneau explique de quoi est faite cette confiance, ses rapports avec l'estime de soi et les façons dont nous pouvons la développer à travers les activités de notre vie quotidienne.
La confiance en soi comporte cinq caractéristiques essentielles. En comprenant bien chacune, on peut facilement imaginer des façons d'agir sur notre confiance et sur celles des autres. 1- Une prédiction La confiance en soi est toujours une prédiction. Il ne s'agit pas d'une qualité innée, du résultat d'un "insight" ou d'un sentiment. Cette confiance existe d'abord dans l'esprit: la personne fait une prédiction. Elle prévoit quelque chose qui surviendra dans l'avenir. Contrairement à ce qu'on croit souvent en regardant de l'extérieur une personne qui a confiance en elle, il ne s'agit pas d'une certitude mais d'une prédiction, avec une part réelle d'incertitude comme toutes les prédictions. 2- Réaliste Contrairement à ce qu'on croit souvent, il ne s'agit pas d'une confiance aveugle. La confiance en soi est réaliste : elle s'appuie sur l'expérience réelle accumulée par la personne. Autrement, cette confiance serait dangereuse et conduirait à des échecs graves. Mais nous avons la chance d'être protégés par des réflexes vitaux qui nous empêchent, en temps normal, de nous faire une confiance aveugle ou excessive. Sans avoir à le décider, nous avons naturellement tendance à nous inspirer des résultats obtenus dans le passé pour prévoir ce qui nous attend. 3- Des ressources suffisantes La personne qui entreprend une tâche nouvelle ou s'implique dans une situation inconnue ne peut connaître à l'avance les résultats qu'elle obtiendra. Si elle est réaliste, elle sait qu'un grand nombre de facteurs contribueront à créer ces aboutissements et que sa contribution, même importante, n'est que partielle. La confiance en soi ne va pas jusqu'à prédire les résultats: elle prédit, avec réalisme, qu'on a les ressources nécessaires pour faire face à la situation. Elle prédit qu'on est capable de trouver des solutions aux problèmes qui ne manqueront pas de survenir en cours de route. La personne confiante prédit, en s'appuyant sur son expérience, qu'elle va réussir à se débrouiller adéquatement. Elle ne sait pas si elle va réussir à atteindre ses objectifs, mais elle croit, avec un niveau de certitude élevé, qu'elle trouvera les moyens de "faire pour le mieux" dans la situation réelle. 4- Dans un domaine particulier La confiance en soi n'est pas un chèque en blanc ! Toute prédiction doit être relativement précise pour être réaliste. Cette prédiction s'applique toujours à un domaine particulier. Je peux avoir confiance en moi comme skieur sans être confiant comme golfeur. C'est le résultat de mes expériences accumulées dans ces deux domaines (ainsi que dans les domaines connexes comme le tennis et la planche à voile) qui est le principal critère. Je peux avoir confiance en moi comme amant mais non comme père, comme participant aux réunions mais non comme animateur, etc. Vue de l'extérieur, la confiance en soi apparaît souvent comme générale, mais en réalité, elle est toujours spécifique. Par exemple, il est clair que Pierre n'a pas confiance en lui comme participant au groupe de travail dont il est membre avec Julie, mais il peut avoir une très grande confiance en lui-même comme père pour faire l'éducation de ses deux enfants. Tout dépend des expériences qu'il a accumulées dans chaque domaine et des conclusions qu'il en tire. 5- Temporaire Et il faut ajouter enfin que la confiance en soi n'est jamais acquise définitivement. Elle est temporaire par définition, car elle est réaliste et ancrée dans l'expérience. Si je cesse de jouer au golf pendant quelques années, ma confiance dans ce secteur en souffrira. Je garderai sans doute la confiance d'être capable de retrouver mon habileté perdue, mais je sais par expérience qu'il faut jouer très régulièrement pour maintenir cette habileté. Le manque de nouvelles expériences amène ma confiance à s'émousser. De nouvelles expériences malheureuses peuvent également l'atténuer ou même la détruire. Ce sera encore plus vrai si ces expériences ne peuvent être intégrées dans l'expérience de la personne. Par exemple, si je rencontre des échecs, surtout répétés, que je ne parviens pas à comprendre, leur effet sur ma confiance sera important. C'est comme si je ne pouvais plus me fier à mon expérience accumulée sur laquelle ma confiance s'appuyait. Ma compréhension pratique du domaine n'est plus applicable ou ne me semble plus valide. Une définition La confiance en soi est donc "Une prédiction réaliste et ponctuelle qu'on a les ressources nécessaires pour faire face à un genre particulier de situation". Elle est toujours le résultat d'une accumulation d'expérience. Il s'agit toujours d'une certitude partielle qui s'applique à un domaine particulier et à un moment donné. Il ne s'agit jamais d'une prédiction de résultat ou de performance; c'est plutôt une prévision qui touche la façon dont les choses vont se passer. Après ces explications, il est plus facile de comprendre pourquoi Pierre et Julie ont vécu, dans le même groupe de travail qui était nouveau pour les deux, des expériences si différentes. Ils abordaient la situation de façon bien différente et, à cause des choix qu'ils ont faits, ils obtiendront des résultats radicalement opposés du point de vue de la confiance en soi. Pierre en sortira avec encore moins de sécurité et plus convaincu que jamais qu'il est incapable de participer à ce genre de groupe alors que Julie y puisera une confiance qu'elle n'avait pas auparavant.